La Sanukite サヌカイト

La Sanukite (サヌカイト) est une roche volcanique, vielle de 13 millions d’années, de la région de Setouchi au japon. La Sanukite est une roche chantante aux propriétés acoustiques uniques.

Les caractéristiques vibratoires de la Sanukite possèdent un spectre très large de fréquences allant des gammes très basses aux très gammes élevées. La Sanukite peut générer des fréquences en dehors du spectre de l’audition humaine avec notamment des ondes ultrasonores de 500 000 HZ. Certains instruments fabriqués avec cette roche se comportent comme des Gongs en Bronze ou en Silver Nickel. Aucune autre roche connue ne possède de telles propriétés acoustiques et notamment dans les fréquences basses.

Toucher les pierres et tenter d’entendre leurs voix[…] Être capable de produire un mandala des sons mystiques de ces pierres, de façon surnaturelle, dans une ouverture tournée vers l’espace. Un message pour l’univers dont nous faisons partie […] Proche des différents sons de la nature, comme le murmures des oiseaux ou du vent, […] [Les voix des pierres permettent] d’apercevoir en toute sérénité les différents sons de l’univers […].OnZen – Le son de l’univers https://youtu.be/cuGVxIH_GCw

Qu’est ce que la Sanukite ?

La sanukite est appelée pierre de Sanuki. Elle est faite de bronzite. C’est un type de lave aux caractéristiques vitreuses. Elle a treize millions cinq cent mille ans. Elle provient d’une lave qui s’est écoulée sur la partie nord de la ligne tectonique centrale du sud-est du Japon. Elle est ainsi devenue une couche de Sanukite. C’est l’une des pierres les plus insolites au monde, elle est répartie autour de Sakaide, Kanayama et Kokubudai de la préfecture de Kagawa. Elle n’a pas été trouvée ailleurs à la surface du globe.

Il y a 20 000 ans, les peuples préhistoriques ou premiers, habitant l’archipel japonais, ont mis au point une technique unique pour fendre cette pierre dure afin d’en faire des outils. La Sanukite a longtemps été utilisée pour la fabrication de couteaux, de haches, de fers de lance et de pointes de flèches avant d’être remplacée progressivement par des outils en métal venus du continent. Pour les peuples de la préhistoire, la Sanukite devait être le son de la vie, le son de l’invisible…

Des pierres musicales en Sanukite ont très certainement dû être utilisées par les peuples premiers du Japon dans le cadre de rituels chamaniques et de cérémonies spirituelles du fond des âges. On peut donc parler ici de Paléomusique ou de musique des pierres vives.

Source: Takehiro Bunmei 2003 Sanukite et société préhistorique Keisuisha, Discours de la culture paléolithique Edition 2000 « Dictionnaire d’archéologie paléolithique »

Frappée avec un maillet en bois ou un marteau, la Sanukite produit un beau son métallique, de sorte que les habitants de Sanuki la connaissent depuis longtemps sous le nom de « pierre Kankan ». Dans les temps anciens, les instruments à percussion en pierre étaient très précieux au japon, voire sacrés. Ils ont fini par disparaître avec l’apparition des instruments en bronze venus de Chine.

La renaissance de ces instruments aujourd’hui est donc une sorte de retour à la musique sacrée originelle, à la musique de la vénération absolue de la nature, du vivant et de l’essence même de la vie.

Cette pierre a été initialement décrite par le Dr Naumann, un géologue allemand invité par l’Université impériale de Tokyo en 1874. Il l’a apportée à l’Université de Munich, où un certains Dr Weinschenk l’a nommée Sanukite en 1891.

Source: Sanukite Live.

Les Inventeurs des Instruments en Sanukite

Depuis son jeune âge, Hitoshi Maeda dirigeait une entreprise de construction à Takase, qui était très profitable. Il s’est donc porté acquéreur de terres et de montagnes pour développer son entreprise. C’est ainsi qu’il achète une mine d’or dans la périphérie de la ville de Sakaide. Il s’avéra qu’il venait d’acheter une montagne avec de la Sanukite, une montagne de « pierres vives » qu’il connaissait depuis mon enfance.

Hitoshi Maeda a vite été fasciné par le potentiel musical de la Sanukite issue de la montagne qu’il avait acquis. Ainsi, fin des années 70, il commence en secret à travailler des blocs résonnants en faisant des coupes sous différents angles. Les coupes étaient parfois aléatoires et importantes afin qu’un son étonnant et profond puisse se dégager des blocs à la frappe. Il va donc créer des premiers Lithophones en Sanukite qui se nommeront plus tard des ROUs.

Lithophones de type ROU

Par la suite, Hitoshi Maeda fait appel aux compétences de Masamichi Saito, un ingénieur qui travaille pour son entreprise, pour l’aider à construire des instruments plus élaborés comme des carillons éoliens composés de cylindres de Sanukite ronds accordés qui s’appelleront des SOUs ou encore divers xylophones. Même des flûtes en Sanukite ont été fabriquées par les mains expertes de Mr Saito.

La Sanukite est extrêmement dense et particulièrement cassante. Il a donc fallu toute l’ingéniosité de Mr Saito pour donner vie aux créations imaginées par Hitoshi Maeda. Au fil du temps, Mr Saito a développé une maîtrise parfaite de la découpe, du polissage et de l’accordage des instruments en Sanukite. Il espérait que « la voix chantante de Sanukite soit transmise à plus de gens ». Il aura travaillé 29 ans à la fabrication d’instruments en Sanukite avec Hitoshi Maeda.

Ils vont donc ensemble donner naissance à de multiples prototypes d’instruments. Ces derniers sont tous réunis dans un musée de la Sanukite situé au coeur de la montagne des pierres vives, un lieu nommé le « Kei no Sato« .

Hitoshi Maeda est donc l’inventeur des instruments en Sanukite. Il est malheureusement décédé le 11 mars 2008. Masamichi Saito est lui décédé en 2022 à l’âge de 75ans.

Né en 1957, Soichi Maeda, le fils aîné d’Hitoshi tente depuis de poursuivre l’œuvre magistrale de son père avec des artisans travaillant sur l’exploitation familiale.

Il a notamment conçu des haut-parleurs en Sanukite.

Le savoir-faire du traitement de la pierre a également été transmis à la génération suivante. Gen Akiyama, de la ville de Mitoyo, et Koudai Kinoshita sont désormais impliqués dans la fabrication d’instruments en Sanukite dans l’entreprise de Mr Maeda.

Hitoshi Maeda et Masamichi Saito

Le son de la Sanukite, c’est comme le scintillement des étoiles dans le ciel nocturne, il semble imprégner votre cœur, mais il secoue également votre cœur comme s’il bouillonnait du fond de la terre. C’est comme si l’énergie de la création de l’univers, confinée dans des cristaux de pierre, s’était libérée.Hitoshi Maeda

Stomu Yamast’ha, le maître de la Sanukite

Né à Kyôto en 1947, il étudie les percussions à la Julliard School de New York et se produit très jeune en soliste avec les plus grands orchestres du monde (Philharmonie de Berlin, Orchestres de Chicago, de Philadelphie,…). Désigné en 1969 par le magazine américain Times comme « l’homme qui a changé l’image des percussions », il crée le groupe Red Buddha Theater, qui fait sensation au Festival d’Avignon en 1972 avec « The Man from the East ». Il crée au travers de cette formation des œuvres scéniques fusionnant théâtre et musique, et il fait le tour du monde. Parallèlement, il forme le groupe de rock GO, dont les albums se vendent à des millions d’exemplaires dans le monde. Transcendant les genres, actif dans le monde entier. En 1973, il est nominé pour le Grammy Award de la meilleure composition et du meilleur réalisateur.

En 1978, en quête de spiritualité et exténué par des années à réaliser plus 150 concerts par an, Stomu décide de se retirer au Japon. En quête de sens, il tente de devenir un moine bouddhiste jusqu’à ce que son maître, le Révérend Mura lui dise : « N’importe qui peut devenir moine. Mais il n’est pas donné à tous le monde d’être un artiste. Tu as un talent spécial pour la musique. Donc va t’en!« . Il redevient donc un musicien mais de façon plus confidentielle, plus spirituelle.

En 1980, il étudie la musique religieuse à Kyoto et crée une nouvelle forme musicale appelée « Kon-on Shiki ». Après cela, il va effectué des cérémonies de voix à Koyasan, Enryakuji, Yakushiji, Todaiji, Stonehenge en Angleterre et ailleurs. Pendant ce temps, il a travaillé sur de nombreuses musiques de films au Japon et à l’étranger, et en 1984, il a remporté le Japan Academy Award for Outstanding Music pour le film « Kukai » réalisé par Junya Sato.

Fait intéressant, lorsque Stomu Yamash’ta entend parler pour la première fois des instruments de Mr Maeda, il n’est pas très intéressé, peu convaincu par les capacités sonores des instruments en pierre. Un des moines bouddhistes lui ayant donné des enseignements spirituels va définitivement le convaincre de s’y intéresser.

C’est donc en 1986 que Stomu découvre les instruments en Sanukite inventés par le physicien Hitosho Maeda et notamment les SOUs et surtout les ROUs. Stomu a déclaré : Quand j’ai rencontré les pierres de Sanukite, j’ai pensé que ma vie était comblée. Sa découverte de la Sanukite va amener sa musique dans une dimension bien plus profonde, bien plus spirituelle. La musique émanant de ces pierres, proches des sons de la nature, comme le murmure du vent ou le chant des oiseaux, est révélatrice de la quête spirituelle de Stomu Yamash’ta. Stomu est le seul à jouer et à posséder des ROUs en Sanukite.

En 1990, Stomu fait résonner la Sanukite, à la lueur de l’aube au coeur du monument mégalithique Stonehenge en Angleterre. Ce fut l’un des plus grands événements pour les instruments de musique en Sanukite, le concert de Stomu ayant été exceptionnellement autorisé à se produire dans le cercle central de ce site mythique.

Stomu et Mr Maeda à Stonehenge en 1990.

Stomu, une relation particulière avec la France

Stomu Yamashta s’est produit à Paris, le 9 et le 10 Novembre 2009, dans l’Eglise St Eustache avec le choeur de shōmyō par les Moines Bouddhistes du temple « Japonais Daitoku-ji. Cette représentation a été filmée. Cette captation est disponible au travers du DVD « Walking on Sound » réalisé par Jacques Debs. Ce même mois de l’année 2009, Stomu s’est également produit dans l’enceinte de l’Abbaye du Thoronet, non loin de Fréjus dans le sud de la France.

Dans le cadre de l’événement Questions Zen, Kôan, étincelles d’éveil, organisé par le Musée national des Arts asiatiques-Guimet et la Fondation Franco-Japonaise Sasakawa, Stomu revient en France, en novembre 2011 avec les moines du Daitoku-ji et Yoshi Oida. S’en suivra donc 2 représentations :

  • Musée national des Arts asiatiques-Guimet (8 novembre 2011)
  • Ferme de Villefavard en Limousin (11 novembre 2011)

https://www.ffjs.org/projets/Spectacle-de-Stomu-Yamash-ta-et-les-moines-du-Daitoku-ji-avec-Yoshi-Oida?lang=fr

C’est en tombant par hasard sur des extraits d’un concert de Stomu avec « OnZen » que nous avons découvert ces instruments et notamment des lithophones appelés ROU. Ce fut une révélation absolue, un éveil vers une dimension sonore sacrée, vers l’indéfinissable. La révélation a vite laissé la place à la passion, à l’obsession. Nous voulions tout comprendre, tout connaitre, tout ressentir de cette roche et de ses « pouvoirs ». Stomu est une grande source d’inspiration pour nous et notamment pour son approche spirituelle et musicale.

Stomu a parlé ainsi de sa rencontre avec la Sanukite:

« Pour moi, c’était une rencontre avec quelque chose de sacré, j’ai cru que c’était un cadeau des dieux et de bouddha. Elle m’a permis de continuer mon voyage à la recherche du mandala du son dans le monde de l’étendue infinie de l’univers… », « La Sanukite est pour moi une pierre prodigieuse qui me relie à la prière et au bouddhisme. »
« Quand j’ai vu et entendu la pierre, j’ai compris que c’était là un instrument précieux et que ma vie se réalisait enfin. »

それは私にとって、聖なるものとの出会いであり、「神仏からのさずかり物」と思いながら、自分で打った石の声に耳をかたむけ、自分を顧み、教えられながら、サヌカイトのもつ幻想的な響きから、アウト!宇宙への限りない広がりの世界へ、音の曼陀羅を求め、旅をつづけています。Stomu Yamast’ha

Stomu Yamash’ta – The Sound of Zen – St. Eustache Church (Paris) – 10/11/2009

Liens vers des vidéos de Stomu Yamash’ta et la Sanukite :

Les joueurs d’instruments en Sanukite

Les instruments en Sanukite ne sont pas ou peu commercialisés.
Les interprètes et/ou compositeurs qui utilisent ou ont joué des instruments en Sanukite fabriqués par la famille Maeda ont été soigneusement sélectionnés. Ils ne seraient que 5 à en posséder :

  1. Stomu Yamash’ta (Percussionniste Japonais) – ROUs et SOUs
  2. Mutsuko Fujii (Virtuose Japonaise de Marimba) – SOUs
  3. Reiko Komatsu (Percussionniste Japonaise) – SOUs – https://youtu.be/VGEz05Perfg
  4. Un duo de percussionnistes japonaises appelé « COLON » (Mayuka Shimizu et Tomoko Yamamoto) – SOUs
  5. John Kaizan Neptune, joueur américain de shakuhachi, flûte en Sanukite et SOUs – Sa dernière apparition connue avec des instruments en Sanukite date de 1994 lors d’un concert mythique dans une église en Italie, il aurait perdu depuis contact avec la famille Maeda – https://youtu.be/3hab21MBCmM

Stomu Yamash’ta serait le seul à jouer les lithophones de type ROU.

Nos instruments en Sanukite

Notre quête de la Sanukite a donc été longue, obstinée, pleine d’embûches, de doutes et d’interrogations. Elle nous a, à elle seule, transformé. Le rêve impossible est devenu réalité. Ainsi des ROUs ont fait le tour du monde jusqu’à nous, certains d’entre eux ont été spécialement fabriqués pour nous. Les ROUs sont très fragiles et certains sont arrivés brisés et amputés d’une partie de leurs sons. Ils ne sont pas réparables. Ils sont habités par l’impermanence. Ils doivent également être manipulés avec d’infini précautions. S’ils se brisent, ils ne pourront être remplacés. Ils ont tous des sonorités uniques qui ne peuvent être reproduites à l’identique.

The Path to Awakening
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